samedi 11 avril 2015

Parleur ou les chroniques d'un rêve enclavé

"Je mourrais jeune parce que je dis aujourd’hui ce que le monde découvrira demain. Si l’on y réfléchit, ce n’est pas pire qu’atteindre l’âge des vieillards avec la certitude que le monde ne changera pas, mais c’est rageant."



Parfois, il y a cette paire de chaussures qui attire l’œil ou encore ce pantalon aux couleurs criardes. D’autres fois, ce sont tout simplement des mots qui retiennent l’attention. Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé, un titre, une histoire. Quelques mots glissés par des amis résonnaient en moi comme une promesse délicieuse. Promesse qui s’est rapidement transformé en épopée pour me procurer le livre. Bien évidemment, le livre n’était plus édité donc impossible de l’acheter en librairie et il ne faisait pas partit des réserves de la médiathèque. J’ai du me résoudre à l’acheter d’occasion sur Internet. Après une semaine d’attente, le voici dans ma boite aux lettres, la couverture quelque peu défraichie, il entamait une seconde vie dans mes mains. Pour petite anecdote, le roman que je tenais n’avait qu’un an de moins que moi, quand j’ai vu ça j’ai trouvé ça drôle (oui je sais, je suis un peu folle).

Après nous avoir livré neuf romans de science-fiction engagés, Ayerdhal, auteur français publie une fantasy sociopolitique de haut-vol. Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé reste pour moi le point d’orgue de ses œuvres. Autant ce livre séduit par la profondeur des personnages que par les enjeux soulevés mais son atout reste la langue.

Dans une ère féodale, sur la colline, un petit village s’organise. Le grand froid approche, l’hiver s’annonce rude, pourtant, loin de s’en soucier, les nobles augmentent les impôts. Guidés par Parleur, les villageois s’enclavent, coupés du monde, ils subviendront à leurs besoins par eux-mêmes, ensemble, ils survivront à l’hiver ou périront. Une telle rébellion contre les dirigeants ne restera pas inaperçue aux yeux du monde, mais même si elle doit être punie, leur histoire se répandra de village en village.

Chaque personnage qui compose le groupe hétéroclite est abordé en profondeur. Leurs différences apportent la variété et la richesse du récit. La narration interne se fait du point de vue de Vini, l’épistolaire du village, nous rend plus près de l’action. Pour ne rien ternir, la langue dans laquelle s’écrit l’utopie se sublime à elle-même sans tomber dans la lourdeur ou l’excès. On se laisse porter par ce livre remplit d’émotions qui laisse à réfléchir. C’est un carton plein pour Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé d’Ayerdhal. Après avoir vidé un paquet de mouchoirs, je suis ressortie de l’histoire pensive, tellement le roman était fort et que je me suis laissée prendre aux tripes.


Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé, Ayerdhal, J’ai lu, 1997

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