"Je mourrais jeune parce que je dis aujourd’hui ce que le monde découvrira demain. Si l’on y réfléchit, ce n’est pas pire qu’atteindre l’âge des vieillards avec la certitude que le monde ne changera pas, mais c’est rageant."
Parfois, il y a cette paire de
chaussures qui attire l’œil ou encore ce pantalon aux couleurs criardes.
D’autres fois, ce sont tout simplement des mots qui retiennent l’attention. Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé,
un titre, une histoire. Quelques mots glissés par des amis résonnaient en moi
comme une promesse délicieuse. Promesse qui s’est rapidement transformé en
épopée pour me procurer le livre. Bien évidemment, le livre n’était plus édité
donc impossible de l’acheter en librairie et il ne faisait pas partit des
réserves de la médiathèque. J’ai du me résoudre à l’acheter d’occasion sur
Internet. Après une semaine d’attente, le voici dans ma boite aux lettres, la
couverture quelque peu défraichie, il entamait une seconde vie dans mes mains.
Pour petite anecdote, le roman que je tenais n’avait qu’un an de moins que moi,
quand j’ai vu ça j’ai trouvé ça drôle (oui je sais, je suis un peu folle).
Après nous avoir livré neuf
romans de science-fiction engagés, Ayerdhal, auteur français publie une fantasy
sociopolitique de haut-vol. Parleur ou
les chroniques d’un rêve enclavé reste pour moi le point d’orgue de ses
œuvres. Autant ce livre séduit par la profondeur des personnages que par les
enjeux soulevés mais son atout reste la langue.
Dans une ère féodale, sur la
colline, un petit village s’organise. Le grand froid approche, l’hiver
s’annonce rude, pourtant, loin de s’en soucier, les nobles augmentent les
impôts. Guidés par Parleur, les villageois s’enclavent, coupés du monde, ils
subviendront à leurs besoins par eux-mêmes, ensemble, ils survivront à l’hiver
ou périront. Une telle rébellion contre les dirigeants ne restera pas inaperçue
aux yeux du monde, mais même si elle doit être punie, leur histoire se répandra
de village en village.
Chaque personnage qui compose
le groupe hétéroclite est abordé en profondeur. Leurs différences apportent la
variété et la richesse du récit. La narration interne se fait du point de vue
de Vini, l’épistolaire du village, nous rend plus près de l’action. Pour ne
rien ternir, la langue dans laquelle s’écrit l’utopie se sublime à elle-même
sans tomber dans la lourdeur ou l’excès. On se laisse porter par ce livre
remplit d’émotions qui laisse à réfléchir. C’est un carton plein pour Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé
d’Ayerdhal. Après avoir vidé un paquet de mouchoirs, je suis ressortie de
l’histoire pensive, tellement le roman était fort et que je me suis laissée
prendre aux tripes.
Parleur
ou les chroniques d’un rêve enclavé,
Ayerdhal, J’ai lu, 1997
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